Les moissons du futur de Marie-Monique Robin

« Si on supprime les pesticides, la production agricole chutera de 40 % et on ne pourra pas nourrir le monde. » Prononcée par le patron de l’industrie agroalimentaire française, dans une émission télévisée, cette affirmation est répétée à l’envi par les promoteurs privés ou publics de l’agriculture industrielle. De son côté, après les émeutes de la faim qui ont secoué la planète depuis 2007, Olivier de Schutter, le rapporteur spécial pour le droit à l’alimentation des Nations Unies, affirme qu’il faut « changer de paradigme », car « l’agriculture est en train de créer les conditions de sa propre perte ». Pour lui, « seule l’agroécologie peut relever le défi de la faim et répondre aux besoins d’une population croissante », ainsi qu’il l’a déclaré, le 8 mars 2011 devant le Conseil des droits de l’homme à Genève. D’après la FAO, il faudra augmenter la production agricole de 70 %, pour pouvoir nourrir les 9 milliards d’habitants que comptera le monde en 2050. Comment y parvenir ? C’est à cette question que tente de répondre Marie-Monique Robin, en menant l’enquête sur quatre continents (Afrique, Asie, Amérique du Nord et du Sud, Europe). S’appuyant sur les témoignages d’experts (scientifiques et représentants d’organismes internationaux) mais aussi de nombreux agriculteurs, elle dresse le bilan du modèle agro-industriel qui, après un demi siècle, n’est pas parvenu à nourrir le monde, tandis qu’il participait largement au réchauffement climatique, épuisait les sols, les ressources en eau et la biodiversité, et poussait vers les bidonvilles des millions de paysans. Elle montre que, pratiquée sur des exploitations à hauteur d’homme, l’agroécologie peut être hautement efficace d’un point de vue agronomique et économique et qu’elle représente un modèle d’avenir productif et durable. Du Mexique au Japon, en passant par le Malawi, le Kenya, le Sénégal, les États-Unis et plusieurs pays européens, son enquête montre que « l’on peut faire autrement » pour résoudre la question alimentaire en respectant l’environnement et les ressources naturelles, à condition de revoir de fond en comble le système de distribution des aliments et de redonner aux paysans un rôle clé dans cette évolution indispensable à la survie de l’humanité.

(Editions La Découverte – 11 octobre 2012)

Marie-Monique Robin, journaliste et réalisatrice, est lauréate du Prix Albert-Londres (1995). Elle a réalisé de nombreux documentaires – couronnés par une tren-taine de prix internationaux – et reportages tournés en Amérique latine, Afrique, Europe et Asie. Elle est aussi l’auteure de plusieurs ouvrages, dont « Le Monde selon Monsanto » et « Notre poison quotidien ».

Le livre fait l’objet également d’un DVD qui sortira le 24 octobre 2012, à voir en avant-première le mardi 16 Octobre prochain à 20h50 sur Arte, puis rediffusion samedi 20 octobre à 15H40 et mardi 30 octobre à 10H35.

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