« Foutez-nous la paix ! », nouveau livre d’Isabelle Saporta

foutez-nous-la-paixIsabelle Saporta pousse un coup de gueule, dans son nouveau livre « Foutez-nous la paix ! ». Son livre-enquête sur l’agriculture et ses normes imposées par l’agro-business montre que ces dernières vont finir par tuer le patrimoine culinaire que représentent nos productions agricoles si on ne réagit pas.

« Foutez-nous la paix ! »

Selon Isabelle Saporta, il faudrait moins de normes pour les agriculteurs, ou une uniformisation au niveau européen, car la France a tendance à en rajouter : du coup, on tombe dans un hygiénisme qu’il n’est plus du tout possible de respecter dans certains cas, notamment sur des petites exploitations agricoles qui ne peuvent plus investir pour respecter encore et encore une norme qui a, une fois de plus, évolué.

Isabelle Saporta est journaliste d’investigation, elle commence à bien connaitre ce monde agricole et elle met le doigt là où ça fait mal : c’est ce qu’elle avait fait en 2011 avec « Le livre noir de l’agriculture » dans lequel elle démontait l’absurdité du système de l’agriculture industrielle, puis en 2013 avec « Vino Business » dont elle avait tiré un documentaire montrant l’utilisation du massive du marketing et des pesticides chez les vignerons du bordelais…sacrilège !

Pour ce nouveau livre, elle a pu constater que dans toute la France, les paysans disent étouffer sous le poids des 400.000 normes sanitaires ou administratives. En plus des difficultés financières, ils doivent donc faire face à l’absurdité et parfois aux contradictions de certaines normes. Tout cela devient vraiment délirant voire risible, sauf que ces agriculteurs sont censés les appliquer… Imaginez : si l’herbe qui pousse au pied des vignes dépasse une certaine hauteur, le viticulteur peut perdre son appellation pour cette parcelle mais s’il la gave de pesticides, il n’encourt rien !

Alors, on peut se demander à qui profite tout cela ? Au bout des 320 pages d’enquêtes, on se rend compte que c’est bien l’agriculture industrielle qui bénéficie de tout cela : à force d’emmerder les petits producteurs qui font de la qualité : du lait cru bio, des vins naturels ou en biodynamie, des poulets élevés en plein air, etc, on va les anéantir et l’agrobusiness aura encore un peu plus de place. La cantine du coin achètera des poulets de l’autre bout du monde, sans saveur, issus d’usines, alors qu’un paysan aux alentours mettra la clé sous la porte de ses poulaillers, faute de pouvoir respecter ces normes absurdes qui ne sont faites que pour protéger ces industries agroalimentaires des catastrophes sanitaires dont elles sont elles-mêmes à l’origine.

(Editions Albin Michel – 18 février 2016 – 19,80 €)

 

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